PELERINAGE
Suleyman Utkaner a porté les valeurs du don du sang pendant deux mois sur environ 1.700 km
Sur les chemins de Compostelle

De la mi-avril à la mi-juin, Suleyman Utkaner a porté les valeurs du don du sang, sur 1.700 km, entre Domérat et Saint-Jacques-de-Compostelle.

----------------
Monique James
----------------

Parti dimanche 17 avril pour Saint-Jacques-de-Compostelle et porté par une détermination sans failles, Suleyman Utkaner est parvenu à destination 54 jours plus tard. Soit environ 1.700 km en moins de deux mois.
    Au départ, deux bénévoles de l'association du don du sang de Domérat l'ont accompagné jusqu'à Bénévent-l'Abbaye, en Creuse, pour rejoindre la voie de Vézelay, empruntée par les pèlerins de Saint-Jacques. Puis Suleyman a repris son bâton de pèlerin. Seul.
    En France, il a traversé les monts de Guéret en Limousin, le massif de l'Ambazac, les forêts des Landes, la Gironde et le Béarn et parcouru les sommets des Pyrénées. En Espagne, il a emprunté "El camino francé" jusqu'à Santiago-de-Compostela, en Galice.
    Ce périple fut pour lui l'occasion de visiter églises, abbayes, abbatiales et cathédrales. Il a regretté que certains de ces sites soient délabrés ou complètement à l'abandon.
    Mais c'est surtout la désertification des hameaux ou villages, avec la seule présence de quelques personnes retraitées et quelques jeunes irréductibles, qui l'a beaucoup impressionné.
Photo du groupe
EN ROUTE. Suleyman Utkaner a parcouru 1.700 km comme pèlerin sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle pour porter les valeurs du don du sang.
Le quotidien du pèlerin est rude
    "Plus de service public, pas de commerce. On dirait que le temps c'est arrêté", déplore-t-il. "C'est tant de terres et de richesses inexploitées". Suleyman a aussi constaté avec amertume tous les déchets et emballages rejetés dans la nature.
    Le quotidien du pèlerin est rude. Les mêmes questions essentielles se posent chaque jour. "Ou dormir, et que manger ce soir ?". Heureusement les refuges pour pèlerins permettent douche, lessive et repas.
    L'accueil est assuré le plus souvent par des associations ou des bénévoles qui font tout leur possible pour réconforter les pèlerins. "Il y a encore des gens très dévoués", se réjouit l'intéressé. Car il faut se lever tôt le matin pour accomplir la trentaine de kilomètres journaliers.

L'importance de la communication
    La motivation de Suleyman était de porter la bonne parole pour le don, en général, et le don du sang en particulier. Si la plupart des adultes rencontrés sur le chemin connaissaient le don du sang, certains jeunes en ignorent l'existence. D'où la nécessité de communiquer l'information dés le plus jeune âge, a-t-il souligné.
    Accomplir environ 1.700 km en moins de deux mois, ne va pas sans quelques désagréments. Une tendinite au mollet a fait beaucoup souffrir l'intéressé, et lui a valu pas moins de cinq jours de repos obligatoire.
    Deux petites mésaventures ont aussi contrarié son parcours, ses chaussures de marche qu'il a fallu remplacer en chemin, et la panne, pour un temps, de son téléphone portable, allié précieux.
    En effet, les encouragements des amis ou de la famille qu'il recevait sur son téléphone portable l'ont aidé à poursuivre son chemin.
    "Le chemin parcouru avec un esprit pèlerin de fraternité et de partage, modifie l'homme", confie Suleyman. "Il fait comprendre beaucoup de choses sur les valeurs, les jugements, et au final renforce les sentiments d'indulgence et de tolérance".

TEMOIGNAGE

" Le compostela". Deux crédentials ont été nécessaires à l'intéressé pour recueillir tous les tampons des points de passage. Au final, le pèlerin reçoit "le Compostela", parchemin attestant que le pèlerinage a bien été accompli jusqu'au bout.


Extrait de La Montagne (26-06-2011)

[ Version PDF version PDF ]   [ Fermer la fenêtre ]    stylo